Nancy « L’État dans tous ses états » : le Forum Nancy République ouvre le débat sur la démocratie
La traditionnelle conférence-débat du Forum Nancy République aura lieu, cette année, ce mercredi 5 novembre dans les grands salons de l’hôtel de ville. Quatre intervenants y sont attendus pour évoquer un thème d’une brûlante actualité : « L’État dans tous ses états ».
Propos recueillis par Frédérique Braconnot - 02 nov. 2025 à 12:00 - Temps de lecture : 3 min
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François Laval : « Réaffirmer le caractère suprême de la constitution ». Photo Cédric Jacquot
« L’État dans tous ses états « : c’est le thème de société, retenu par le Forum Nancy République (association regroupant les loges de Meurthe-et-Moselle du Grand Orient de France), à l’occasion d’une conférence-débat, qui se tiendra ce mercredi 5 novembre dans les grands salons de l’hôtel de ville.
Interviendront Noëlle Lenoir, ancienne ministre, ancienne membre du conseil constitutionnel ; Charly Lalo, fondateur du Think Tank « Démocratie directe », Pierre Bertinotti , Grand Maître du Grand Orient de France, ainsi que François Laval , directeur du Campus de Nancy de Sciences Po Paris.
François Laval « L’État dans tous ses états », en quoi ce thème vous a-t-il interpellé ?
« L’observation de la vie politique française tout d’abord. Ce qui se passe aussi dans d’autres pays, tels que la Russie ou les États-Unis ensuite, sans parler de certaines déclarations, qui ces derniers mois, remettent en cause le fonctionnement de notre démocratie, et tendraient même à insinuer qu’elle est en danger. »
Est-ce le cas ?
« Pas pour l’instant en France, où celle-ci peut s’appuyer sur des règles stables, qui protègent les droits fondamentaux de tout un chacun. Néanmoins, deux symptômes sont particulièrement inquiétants. »
Lesquels ?
« Le premier concerne la baisse progressive du taux de participation. Il ne touche pas trop encore l’élection présidentielle, même si nous n’atteignons plus le chiffre de 85 % enregistré dans les années 60. Les autres scrutins en revanche, affiche une baisse plus significative. À ce constat, s’ajoute aussi le nombre croissant de bulletins blancs ou nuls , surtout les nuls d’ailleurs, qui traduisent la volonté de passer un message à la classe politique. J’ai en mémoire un exemple particulièrement révélateur. Un homme avait glissé sa photo dans l’enveloppe avec ce message on ne peut plus clair : “je mets ce bulletin parce que le pavé ne rentrait pas dans l’enveloppe”…»
Second symptôme ?
« Il apparaît très clairement dans les conclusions d’une enquête menée par le centre de recherches politiques de Sciences Po (CEVIPOV). Celle-ci confirme une crise démocratique enracinée, avec une perte de confiance dans les institutions nationales , et plus particulièrement les élus. »
Si ce mouvement s’amplifiait, la démocratie pourrait-elle être en danger ?
« Oui sans aucun doute. Si la population ne vote plus, ou si elle décide, comme c’est le cas en Russie ou aux États-Unis, d’avoir recours à un homme fort, qui instaure une démocratie illibérale, ou une autocratie élective, en clair un régime centralisé, ce serait au mépris de l’État de droit, garant de l’égalité des citoyens. »
Comment se prémunir d’une telle dérive ?
« D’une part en réaffirmant le caractère suprême de la constitution. D’autre part en maintenant fermement le principe de séparation des pouvoirs, afin que les droits fondamentaux soient protégés. Notamment par les juges constitutionnels. »